Métro, boulot...auto-portrait de paysages.

Une série photographique née dans une période difficile ou le temps libre pour la photographie se résumait au temps de trajet quotidien pour me rendre sur mon lieu de travail.C’est avec ces contraintes de cadre et de lieux mouvant qu’a commencé cette série et cette réflexion sur la vie rurale contemporaine.Venez avec moi parcourir le territoire ariégeois.
Metro, boulot… sur la route du travail, photos prise depuis le véhicule en mouvement….

Images réalisées sur le territoire ariégeois.

Regard sur la vie en milieu rural.

Je fais partie de ces personnes qui quittent la ville pour se rapprocher de la nature. Se mettre au vert. Avoir une vie plus censée, sortir de ce système qui nous fait courir, avancer, produire…payer, acheter, consommer.

Mais il a la peau dure ce système, nos habitudes aussi. Ce n’est pas tout de vouloir, le pas n’est pas si simple à faire, la marche est beaucoup plus haute qu’elle n’y paraît. Alors bien sûr les excuses ne manquent pas. Le boulot, les enfants les factures le manque de temps. … le système… Tiens il a bon dos celui là. Si je ne m’abuse « le système » c’est moi, c’est toi, c’est nous… C’est à nous d’agir comme il nous semble bon et juste, pour nous et la communauté.

Le tableau est posé, le cadre est là.

Nous, les habitants de zones rurales, passons énormément de temps dans nos véhicules paradoxalement.

Nous sommes des prisonniers en mouvement, c’est un fait sociétal, enfermés dans nos vies, dans nos boulots, dans nos autos, dans nos crédits, dans envies, nos achats, nos vacances….

On regarde passer le paysage et la vie derrière le cadre de notre pare brise. La chose la plus stable c’est bien l’intérieur de notre bagnole.

Enfermé dehors dans l’espèce d’aquarium ou l’on se sent seul, tranquille; libre, on peut crier, chanter, rigoler, pleurer, se curer le nez. Il y a un coté fœtus.

C’est moi qui évolue dans le paysage ou c’est le paysage qui bouge autour de moi? Au final je ne sais plus très bien.

Ce paysage peut autant m’apaiser, me tranquilliser que me mettre dans un stress terrible suivant la destination, la personne qui se trouve au bout de la route, le boulot qui y m’attend, l’emmerde que je dois gérer. Mais j’ai la chance de savoir regarder, d’être dans la contemplation, d’avoir toujours l’oeil alerte et de percevoir ne serait ce qu’un instant, la beauté du paysage, la magie de la lumière à un endroit donné, l’envol d’un oiseau, la beauté du lieu que je traverse et qui en retour me traverse et m’envahit.

Je suis en pleine contemplation oui je le répète car ce n’est visiblement pas quelque chose de commun, je perçois mais comment donner à percevoir, ce que je vois, je ressens. C’est un exercice qui m’a été toujours très difficile et pour dire vrai, j’ai rapidement jeté l’éponge ; je n’ai pas, n’avais pas?, le talent des grands photographes paysagistes, la culture états-unienne pour les grands portraits paysagés ne m’ont jamais vraiment fait vibrer…les Ansels Adams et compagnie..

Le paysage, c’est mon Everest à moi, mon sommet inaccessible. Comment transmettre tout ce que l’on ressent lorsque nous sommes dans l’état de contemplation souvent après une longue marche qui nous a hissés vers cet état. Comment le montrer lorsque l’on redescend et que la magie reste la haut et notre quotidien redevient si présent, si pesant ? Je n’ai pas la réponse ; cette série photographique fait peut être le lien entre contemplation et exaltation, elle est à mi chemin entre le quotidien et la marche méditative. Bon il faut que je redescende, me raccroche à la réalité…mais laquelle, celle que nous impose ce système ou celle que je crois juste, qui me fait vibrer au fond de moi …?

 Laurent Loubet février 2016.