Les amis, l’ancien boucher,tout le monde est là très tôt ce matin. L’ambiance est joyeuse mais les rires sont nerveux, cette chape de responsabilité vis à a-vis de la bête est palpable. C’est le propriétaire qui est en charge de « piquer » la bête. Il faut un geste rapide et précis pour ne pas la faire souffrir, ce n’est pas facile de tuer un animal qui écoute et vous suit comme un chien. Il est en effet là depuis plus d’un an, assez pour s’attacher malgré tout. L’homme est gentil accueillant, il va le tuer car « il le faut », c’est comme ça…La tradition, les coutumes aident à faire passer ce geste de tuer, ce n’est jamais anodin de tuer.Dans cette arrière cuisine au coin du feu, on prend le café, le pousse café n’est pas loin, on plaisante, on parle peu. C’est comme un cérémonial avant l’acte et le déroulement de la journée qui finira tard le soir.
Puis c’est le moment, on va chercher le cochon, il répond à son nom. Au moment de l’attacher il sent la mort et commence à hurler. Le ton est donné, chacun prend sa place, ses cris font monter la pression, la main ne doit pas trembler, dans son regard il y a un mélange de tristesse et de détermination. Il faut y aller, le couteau s’enfonce dans la gorge du cochon cherchant la veine. Il ne l’a pas ratée, un soulagement se lit sur son visage, il ne souffrira pas.
Ensuite, se met en place un ballet bien réglé. Chacun sait ce qu’il a à faire, les visages se détendent. Les gestes sont respectueux, délicats, on caresse ce corps avec affection, on le traite avec respect. Aujourd’hui tuer son cochon est interdit par la loi. Il faut faire abattre les bêtes dans des abattoirs…